Pleine de grâce et de bienveillance…
Nos chemins se sont croisés, il y a environ deux ans déjà. Ses enfants lui cherchaient une dame de compagnie pour les week-ends dans le but d’alléger sa solitude et lui permettre de rester alerte sur le plan intellectuel. À ce moment-là, je venais de m’inscrire sur un site internet de soutien à domicile, ma nouvelle vocation postpandémie. Après une longue remise en question, période au cours de laquelle je cherchais à me rendre utile, ce travail m’a semblé convenir tout à fait à mes aspirations.
J’ai fait la connaissance de Marie, par un beau samedi matin, à son domicile et le courant est passé tout de suite. Cette quasi nonagénaire est originaire du Lac-Saint-Jean (Dolbeau) et est issue d’une fratrie de 13 enfants. L’époque des grandes familles québécoises!
J’ai senti que nous formerions une belle équipe, elle et moi. Je me suis donc lancée dans cette aventure les yeux fermés. Au fil du temps, Marie est devenue mon amie, ma confidente. Une sorte de deuxième mère pour moi, car, entre-temps, j’ai perdu la mienne pendant la COVID. Je pense que Marie, sans le savoir, a adouci ma peine. J’ai toujours hâte d’aller chez elle la fin de semaine, car en principe je lui tiens compagnie les samedis et dimanches pendant quelques heures au cours desquelles nous bavardons, mangeons, jouons au Scrabble. J’en profite aussi pour accomplir des petites tâches ménagères tels la lessive et l’entretien des planchers.
Au fil du temps, nous sommes devenues de plus en plus complices. Marie, étant une pianiste aguerrie, il lui arrive souvent de jouer du piano pendant que je fais la vaisselle. C’est peut-être sa façon à elle de me dire : Allez Mimi, tiens bon, ce n’est qu’un mauvais moment à passer! Hahaha!
Elle aime aussi me montrer ses albums de photos du temps passé, remplis de toutes ces images figées en jaune et brun, vestiges d’une époque révolue. Elle me raconte, m’explique, me décrit les situations, les personnes qui ont gravité autour de sa vie. Des souvenirs bien vivants dans sa mémoire.
Choyée par la vie
Elle adore me parler de ses enfants qu’elle chérit plus que tout. Deux filles et un garçon qui occupent une place bien spéciale dans son cœur. Elle est fière de chacun d’eux et me vante leurs nombreuses qualités en me disant chaque fois combien ils sont de bons enfants et qu’elle est vraiment choyée par la vie.
Et puis, il y a l’homme qui a partagé sa vie pendant plus de 60 ans. Son mari, son homme, son Claude chéri! Il y a des photos de lui partout dans l’appartement. Un bel homme au sourire ravageur et aux yeux doux, très doux! Elle me parle de lui pratiquement toutes les fins de semaine. De sa générosité, de sa bonté, de son amour pour elle et leurs enfants. Claude était son compagnon de vie, son complice dans le crime! Il est parti, il y a quelques années déjà et Marie s’est retrouvée comme amputée d’une partie de son cœur, de son âme! Je ne peux imaginer le chagrin qu’elle a eu quand il a traversé de l’autre côté. Marie devait être anéantie!
C’est une femme fière, encore très belle malgré les signes visibles de l’âge. Discrète, aussi. Et très sensible. Il nous arrive de pleurer toutes les deux et de rire ensuite en tombant dans les bras l’une de l’autre. Elle a une grande vivacité d’esprit et elle aime bien me taquiner de temps en temps. C’est une redoutable joueuse de Scrabble. Avec Marie, la partie n’est jamais gagnée d’avance.
Au fil du temps, j’ai découvert que nous avions plusieurs atomes crochus, elle et moi, dont le CHOCOLAT. Cette grande gourmande ne refuse jamais un morceau de ce pur délice pour les papilles. Elle rougit et rit quand je lui dis que c’est bon pour le moral, mais pas vraiment pour la taille.
Une femme reconnaissante
Toujours souriante et reconnaissante pour la vie qui l’a comblée à tous points de vue, elle ne cesse de me dire la chance incroyable qu’elle a eu et remercie le ciel (car Marie est croyante) chaque fois qu’elle évoque ses années passées auprès de l’homme de sa vie.
Cette belle rencontre avec Marie m’aura permis de trouver une deuxième mère. Une mère qui écoute sans juger. Une mère qui conseille sans diriger. Une mère toujours souriante et attentive.
Je te salue Marie! Ne cesse jamais d’être la femme bienveillante que tu es. J’espère pouvoir profiter de tes sages conseils encore longtemps. J’ai la chance d’avoir croisé ta route et j’en remercie le ciel même si je ne suis pas croyante.
Micheline
Vous aimerez aussi :
