L’alcool ingéré en grande quantité est néfaste pour la santé et pour prendre conscience de notre consommation, les campagnes comme le « dry january » ou le « Défi 28 jours sans alcool » qui encouragent les participants à prendre une pause font de plus en plus d’adeptes. Bien que j’encourage quiconque à participer à ces pauses, je crois qu’il est intéressant de porter la réflexion plus loin.
Qu’est-ce qui est néfaste dans la consommation d’alcool? À partir de combien de verres avons-nous un problème? Est-ce trois verres pour les femmes au lieu des deux recommandés? Où se trace la ligne entre consommation saine et celle dommageable? Est-ce qu’un mois d’abstinence suffit pour atteindre un équilibre?
L’abstinence et ses bienfaits sur le corps
Les scientifiques s’accordent sur les bienfaits d’une abstinence, ne serait-ce que de 28 jours et sur les bénéfices pour le corps qui seraient perceptibles même six mois plus tard. Une meilleure forme physique générale, un meilleur sommeil, une santé mentale moins fragile sont des bienfaits cités par les experts. Et cela, c’est sans compter la réduction du taux de cholestérol ou encore la perte de poids. Je vous encourage donc à tenter l’expérience, mais surtout pour voir ce qui se passe en vous. Sentez-vous un manque? Vous ennuyez-vous de votre compagne qu’était devenue sournoisement la bouteille?
Notre rapport à l’alcool
Pour moi, l’essentiel est mis de côté lorsque l’on prend une pause sans que la réflexion suive. Il ne s’agit pas de la fréquence de consommation, mais bien le rapport à l’alcool qui rend celle-ci si dangereuse. Est-ce un besoin essentiel? Si, lorsqu’en peine d’amour ou suite à une querelle, je plonge systématiquement dans la bouteille à pieds joints sans m’arrêter pendant quelques jours, que mon premier réflexe est de m’acheter une grosse du gin à la SAQ express la plus proche, là, le rapport n’est pas sain. Est-ce un besoin? Aies-je besoin de quelques verres pour dormir le soir ou pour faire face à certaines situations?
Plutôt que de ne pas consommer pendant un mois une fois par an, pourquoi ne pas surveiller constamment notre rapport à la bouteille tout au long de l’année, tout au long d’une vie, afin que celle-ci ne devienne jamais une compagne, mais bien un plaisir en plus. Ma mère a bu son verre de vin rouge tous les soirs de sa vie et à 73 ans, elle est très en forme. Mon père, par contre, a eu un problème de dépendance.
Vivre avec un alcoolique, c’est vivre avec une bombe à retardement. Ne jamais savoir si un mot de trop le fera sortir de ses gonds. Mon adolescence a été écorchée par ses remarques dénigrantes dès que le seuil de quatre verres était atteint. C’est aussi les fois où les repas de famille tournaient au vinaigre. Et c’est surtout ne plus partager mon amour du vin avec celui qui me l’a transmis. Mon père aime toujours le vin, mais lui qui dégustait autrefois entre amis avec un plaisir palpable, boit dorénavant du Bellini moitié-moitié du dépanneur. Il buvait en se rappelant de bonnes quilles partagées, il boit maintenant pour oublier qu’il ne les partage plus. Je me souviens de ses soirées de dégustation avec les amis et de leur dégustation des vins de Bordeaux. Je n’ai jamais été très près de mon père et je crois que s’il n’y avait eu notre amour commun des bons repas et du vin, nous ne serions peut-être jamais arrivés à développer de lien significatif. Il m’a donné la passion du vin, mais a perdu la sienne. Vivre près d’un alcoolique est un rappel quotidien des méfaits potentiels de l’alcool. Le vin n’est pas une béquille pour moi et je resterai vigilante à ce qu’il reste une source de plaisir à consommer avec modération.
Ce soir, alors que j’écris ce billet, je ressens un sentiment bien contradictoire face à l’alcool : je réalise un rêve en travaillant dans le milieu du vin tout en observant mon père y laisser sa santé. J’ai peur quotidiennement que l’alcool l’emporte trop vite, trop tôt.
Faites attention à vous, restez dans le plaisir du partage et de la découverte, c’est franchement plus agréable. Questionnez-vous sur votre besoin d’un verre, sur votre fréquence de consommation et sur l’effet de celle-ci sur votre vie. Et cela, tout au long de l’année, pas seulement durant 28 jours. Buvez moins, mais mieux!
Pour de l’information sur le Défi 28 jours sans alcool ou pour faire un don : http://www.defi28jours.com
#leffet28jours
Une réponse
Quel courage de publier ce texte si personnel. Tu as toute mon admiration et tu as tellement raison. Merci Marie. Bisous.
Lise