L’année 2020 a mis en lumière une tangente que notre société occidentale a prise il y a déjà longtemps. Mis au pied du mur et confrontés à nos méthodes de fonctionnements qui ne promeuvent pas toujours l’harmonie et l’équilibre, on ignorait l’insidieuse présence d’un tout récent culte qui fait maintenant surface; celui de la productivité.
Qui n’aime pas être productif? Rayer des items sur une to-do list rend hyper satisfait et pas peu fier. Nous aimons raconter nos journées en nommant chacune des tâches accomplies. Avoir eu une journée remplie d’actions, de mouvements, de détermination et de motivation est synonyme de succès. L’impression d’avoir été utile, que notre temps a été rentable et que nous avons contribué à la société en générale induit certainement un sentiment jubilatoire intéressant. Par contre, qu’arrive-t-il si nous n’arrivons pas à terrasser cette fameuse to-do list, si la télévision ou les réseaux sociaux ont été un peu trop présents cette journée-là, si nous n’étions pas au sommet de notre forme, si nos collègues nous ont un peu trop distraits ou si le temps s’est tout à coup mis à filer à vitesse grand V?
L’impression d’avoir perdu notre temps, peut-être, ou encore que nous ne sommes pas assez fortes, motivées, capables pour « simplement » apposer un crochet à côté de tâches que nous voulions accomplir. C’est comme si se reposer, faire autre chose ou prendre son temps était mal vu ou réprimandable. Comme si nos vies, cette journée-là, n’avaient servi à rien. Bonjour les sentiments autodévalorisants et la culpabilité, colocataires un peu tristes du culte de la productivité!
Être productif en tout temps, tous les jours, spécialement pendant ces mois de confinement, est devenu le summum de ce qui est bien vu. Faire son pain, démarrer son jardin, cuisiner, travailler à distance, s’inscrire à des cours en ligne, bouger, amuser les enfants de façon différente, rester en contact constant avec tout le monde, etc. sont des projets qui font l’objet de maints articles et vidéos sur les médias sociaux et autres plateformes en ce moment. Il semble qu’on nous dise que la « bonne » façon d’utiliser notre « temps libre » est de faire, accomplir, cocher, rayer. Comme si la vie était une suite interminable de bullet points à barrer sur une liste de choses à faire. Comme si avoir des choses à faire et les accomplir étaient ce qui nous donnait de la valeur en tant qu’humain, ce qui nous validait et ce qui embellissait inévitablement nos vies.
Bien sûr, nous avons tous des obligations, que ce soit en lien avec nos occupations, notre famille, d’autres gens qui dépendent de nous et c’est parfait! Accomplissons ce qui doit être accompli, et donnons-nous une chance pour le reste! Personne, à part nous-mêmes, ne nous oblige à faire TOUTES les choses. Personne ne nous oblige à ajouter TOUTES ces tâches à notre liste et, ensuite, à TOUTES les cocher sous peine de se sentir inadéquate! Serait-il possible d’arrêter de nous mettre nous-mêmes, autant de pression sur les épaules pour être toujours en action, productives, « parfaites »?
La productivité du cœur
Et si, au lieu de vénérer la productivité, nous revenions à notre essence, à notre cœur? Peut-être qu’au lieu de lister toutes ces choses à faire, nous pourrions lister nos priorités, ce qui nous donne réellement des ailes, ce qui nourrit notre cerveau, oui, mais aussi notre cœur. Peut-être qu’au lieu de raconter nos journées à travers des actions posées ou non, nous pourrions les raconter à travers nos ressentis, nos rencontres et nos expériences.
Le temps, c’est tout ce qu’on a et au final, c’est à nous de choisir à quoi on veut l’occuper. Prendre soin de nous, ralentir, s’occuper de notre santé mentale, physique, émotionnelle et spirituelle passent peut-être avant cuisiner des muffins (ou peut-être qu’ils font partie de tout ça!). La culpabilité de « n’avoir rien fait aujourd’hui » n’a pas sa place dans le grand schème de notre vie. Notre temps ne doit pas être utilisé à nous taper sur la tête ou à regretter ce que nous n’avons pas accompli, mais à chérir les valeurs et les priorités qui nous tiennent le plus à cœur.
La vie est courte, alors arrêtons de ne la vivre qu’à travers des to do lists. Quand cette vie-ci s’achèvera pour nous, ce ne sont pas ces listes qui nous rendront fiers, mais bien l’amour, la gratitude, la joie, les expériences que nous aurons partagées.
Adhérez-vous, vous aussi, au culte de la productivité? Qu’en pensez-vous?
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