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Oui, mais…

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Un autre été qui arrive; les derniers mois n’ont pas été de tout repos, disons. C’est presque derrière nous, enfin, mais je dirais que c’est toujours en nous. Nous avons vécu plusieurs restrictions, frustrations, déceptions, mais, bizarrement, dans mon cas, du moins, j’ai été surprise par ma résilience. En fait, on constate que l’on finit toujours par s’adapter.

la vie

J’ai, au début de la pandémie, suivi les consignes à la lettre. Durant près de deux mois, j’ai vu mes enfants et petits-enfants en Facetime ou sur le pas de la porte. Disons que j’en ai fait des muffins pour avoir l’occasion de les voir. Par la suite, je m’en confesse, peu à peu, je suis allée les voir pour quelques minutes, avec prudence. Mes filles ont respecté ma décision me disant que je me mettais quand même à risque. Je le savais et je l’assumais. Attention, j’ai remplacé les bizous par des câlins à la hauteur de ma taille, j’ai fait de plus petites visites, mais pour moi c’était primordial pour ma santé mentale.

J’ai fait un petit sondage auprès de mes amies grands-mères et, tout comme moi, elles voyaient leurs petits-enfants. On disait que c’était notre bulle, oui, j’en conviens, c’était une assez grosse bulle, mais à chacun sa bulle.

Il y avait ma petite bulle, celle avec mon conjoint; nous fonctionnions très bien en se faisant de petits plaisirs en parlant avec nos bons amis, notre famille en Zoom. On a passé des soirées à jaser. Puis, il y avait ma petite bulle à moi, je ne suis pas quelqu’un de très solitaire, j’aime les gens, mais devant une telle situation, tu ne peux pas faire autrement que de te retrouver face à toi-même. Dans mon cas, j’ai eu un certain vertige, j’ai ressenti un vide. Qu’à cela ne tienne, je vais travailler, ça va me faire du bien.

J’ai alors pris quelques contrats de recherche; il y avait longtemps que j’avais fait cela. J’y ai pris beaucoup de plaisir, j’aime interviewer les gens, les écouter, apprendre de nouvelles choses. Je me suis retrouvée avec un agenda très chargé. En plus, je continuais de travailler à temps partiel dans une jolie boutique de la Rive-Sud. Je me suis alors sentie comme mes amies qui sont encore sur le marché du travail, débordée (ou presque); plus de temps pour appeler mon monde, presque plus temps pour aller dire bonjour à mes petits-enfants. Debout tôt le matin, pas le temps de lire La Presse, de prendre deux cafés, de niaiser, d’aller faire une marche.

Bon, c’est temporaire, c’est bon pour le cerveau de faire travailler sa tête. Mais, parce que tout à coup il y a eu un mais… Mais pourquoi depuis le début de ma retraite je remplis toujours mon agenda, pourquoi ai-je pris de nouveaux contrats, tout cela est-il bien nécessaire?

La réponse c’est que non, ce n’est pas nécessaire.

La vérité, c’est que je veux faire partie de cette société qui ne valorise que le travail. Je le constate, mes amies qui travaillent parlent à peu près que de ça. Moi, si je dis que j’ai gardé mes petits-enfants, que j’ai fait une marche, que je suis allée chez l’esthéticienne, que je suis des cours de golf, ça fait pas mal moins glamour que de raconter que tu travailles sur un documentaire, que tu as parlé à tel chercheur ou à tel médecin. Mais parce qu’il y a toujours un mais, en travaillant plusieurs choses me sont remontées; des attitudes parfois un peu discutables, de la pression, des insomnies.

Alors je me suis encore dit, mais pourquoi? Tu l’as déjà fait, tu l’as bien fait, tu peux faire ce que tu veux maintenant. En plus, ce n’est pas tout le monde qui peut faire ce qu’il veut, alors quelle chance, mais…

Mais finalement, je pense que si on me trouve moins intéressante parce que je n’ai plus de statut professionnel, ça va être comme ça; remarquez que ce n’est sans doute pas le cas, c’est ma perception. Elle est peut-être complètement erronée.

Mais, je pense que oui, je vais continuer à faire de petites choses ici et là, peut-être. Mais je ne veux pas dire non à mes filles si elles ont besoin de moi, je ne veux pas dire non à mon conjoint s’il veut faire une activité avec moi. Je ne veux surtout pas être celle qui n’a pas une journée de l’été pour voir ceux qu’elle aime.

Lorsqu’on vieillit, on se dit parfois, il y en aura encore combien d’étés à profiter du beau temps, des terrasses, des amis, de la vie quoi, je ne sais pas, mais, je préfère ne pas prendre de risque.

Bon été!

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4 Responses

  1. Merci cousine, tu dis toujours les vraies choses. En passant, on fait partie du club des grands-parents qui ont quelque peu triché par des rencontres en plein air avec nos enfants et petits-enfants, à mi-chemin entre Kirkland et Québec. Le bonheur !

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