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Consommons-nous trop de médicaments?

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Ce n’est pas nouveau de lire que plus les gens vieillissent, plus ils consomment de médicaments. Est-ce normal ou devons-nous nous poser plus de questions sur le sujet? Voici donc un article qui, nous l’espérons, vous aidera à être mieux informé et à poser les bonnes questions en ce qui concerne votre état de santé et vos médicaments.

Quelques statistiques étonnantes

Regardons ensemble quelques chiffres qui permettront de mieux illustrer la relation entre la consommation de médicaments et le vieillissement.

Passé 65 ans, 2 Canadiens sur 3 consomment un minimum de 5 médicaments différents par jour dont environ 30 à 40 % d’entre eux consommeraient au moins 1 médicament inutile ou inapproprié. Si l’on regarde chez les 85 ans et plus, on parle de 40 % de personnes qui consommeraient 10 médicaments ou plus par jour.

L’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES) a mené une analyse auprès de 4317 résidents dans 34 CHSLD de six régions de la province. Il en a été conclu que chaque résident avait une moyenne de 14 ordonnances différentes de médicaments. La grande question est bien sûr de savoir si ceci est normal, car ces personnes sont rendues à une étape de leur vie où ils vivent avec plusieurs changements physiologiques et pharmacocinétiques qui augmentent leurs risques face à l’usage des médicaments.

médicaments

Les cascades médicamenteuses, c’est quoi?

Il est fort à parier que ce terme est nouveau pour vous. Sachez que c’est aussi le cas pour certains professionnels de la santé. Cette notion s’est mise à circuler davantage dans les trois ou quatre dernières années, mais un médecin ou un pharmacien expérimenté sera en mesure de vous dire que c’est un phénomène qu’il voit régulièrement. Alors, qu’est-ce qu’une cascade médicamenteuse? Voici un exemple qui permet de l’illustrer :

Un patient se fait prescrire un médicament #1 pour un problème spécifique. Ce médicament peut cependant causer un effet indésirable qui pourrait être interprété comme une nouvelle pathologie. Alors, ce patient recevra un médicament #2 pour répondre à cette pathologie, mais il provoquera des effets indésirables qui seront alors traités par un médicament #3. Ce dernier produira de nouveaux effets indésirables pour lesquels un médicament #4 sera prescrit et ainsi de suite.

Comme nous pouvons le constater, le patient ayant une seule pathologie, qui pourrait être réglé avec un seul médicament nécessaire, finira par en consommer trois ou même plus. Cette fameuse cascade médicamenteuse est souvent détectée si une situation problématique survient telle qu’une chute, une hospitalisation, une nouvelle prescription ou lorsque de nouveaux effets indésirables apparaissent.

Comment prévenir les cascades médicamenteuses?

Du côté des professionnels de la santé, des tableaux sont mis à leur disposition afin de déterminer des algorithmes de questions ou d’interventions qui doivent être utilisés lors de leur pratique. Il est aussi crucial que ceux-ci posent des questions aux patients pour déceler plus facilement des effets inhabituels. Par exemple, de l’insomnie, des nausées, des étourdissements, des crampes, des hallucinations, etc.

En ce qui concerne les nouvelles prescriptions, les professionnels de la santé devraient les intégrer graduellement en commençant par une faible dose et, au besoin, l’augmenter progressivement. Il sera alors plus facile de constater les effets indésirables et d’ajuster adéquatement les doses du médicament.

Aussi, la remise d’informations écrite au patient indiquant les effets secondaires possibles du nouveau médicament ne doit en aucun cas être négligée par le professionnel de la santé. Malgré cela, il n’y a rien comme la vigilance et la disponibilité envers les patients.

Du côté du patient, il y a de plus en plus de moyens non pharmacologiques qui sont disponibles afin d’aider à réduire les doses ou l’arrêt de certains médicaments tel que la thérapie psychologique cognitivo-comportementale qui obtient des résultats acceptables.

Le patient peut aussi demander directement à son médecin ou à son pharmacien la déprescription de certains médicaments tout en étant actif dans le processus. Son implication augmentera les chances de réussite ainsi que le bon déroulement pour chacune des étapes.

Voici un dernier conseil pour les patients : prenez le temps de demander à votre médecin ou votre pharmacien les raisons pour lesquels vos médicaments vous sont prescrits et en quoi sont-ils essentiels pour vous. Si la réponse n’est pas claire, il serait pertinent de penser à abandonner ce ou ces médicaments.

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Et la déprescription dans tout ça?

On constate souvent que certains patients consomment le même médicament, et ce, à la même dose depuis plus de 10 ans. Après tant d’années, le médicament peut devenir inutile ou créer de nouveaux effets indésirables qui seront traités avec de nouveaux médicaments. Donc, à travers les années, il y a une accumulation du nombre de médicaments prescrits au patient. Il devient alors difficile de retirer un médicament après tout ce temps, car le médecin ou le pharmacien pensera que si le patient prend ce médicament c’est qu’il doit en avoir besoin. Ceci fait en sorte que le médecin prescrira des molécules « compatibles » avec tous les autres médicaments et le patient se retrouva à devoir consommer plus de 15 ou 20 molécules différentes par jour.

Notez qu’il est probable qu’un médicament qui était approprié et efficace lors de sa prescription soit réévalué au fur et à mesure que la personne avance en âge. La dose pourrait alors être revue à la baisse ou l’arrêt complet du médicament pourrait aussi être envisagé. Avec l’arrivée d’un nouveau problème de santé ou simplement avec le vieillissement naturel, un médicament qui répondait parfaitement au besoin du patient auparavant peut devenir néfaste pour la santé de celui-ci.

La déprescription est donc importante pour aider la longévité en santé, car consommer autant de molécules différentes peut être dangereux et menaçant pour la vie des patients. Effectivement, plusieurs admissions hospitalières sont causées par la prise de médicaments. Soulignons aussi que la déprescription est une pratique standard dans certains CHSLD.

N’hésitez donc pas à poser des questions et à vous informer sur les médicaments que vous prenez déjà ou pour ceux qui vous sont nouvellement prescrits!

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Tiré du livre Vivre jeune DEUX fois plus longtemps, chapitre 8.

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