Je porte un masque. Des masques, en fait. Ils se disputent mon visage au gré de mes humeurs, des situations dans lesquelles je me retrouve, des histoires que mon cerveau fabrique. Des fois, ils deviennent carrément des armures. Des une-pièce de cotte de mailles qui veulent simplement m’empêcher de me couper avec les côtés tranchants de la vie, les lames de ma propre anxiété, de mes propres insécurités ou de mes peurs inavouées. C’est pratique; j’ai peur du sang.
Parfois, c’est le masque de la procrastination et des excuses que je ne revêts pas si fièrement, pour éviter de démarrer les millions de projets qui emplissent ma tête et mon cœur parce que j’ai peur de l’échec et des jugements. D’autres fois, j’aime mieux le masque que je mets quand j’évite de discuter de ce que je fais réellement dans la vie, de ce qui me fait réellement vibrer parce que ça pourrait paraître un peu différent, un peu bizarre. Il y a aussi le masque du silence qui m’empêche de dire ce que je pense réellement quand des gens ont des comportements opposés à mes valeurs. Un de mes préférés, c’est le masque de l’impatience et de la méchanceté qui préfère s’accrocher à des détails complètement inutiles et exploser dans le visage des gens, au lieu de me laisser aller et accepter que tout n’est pas toujours exactement comme je le voudrais.
Je crois que j’ai toujours dissimulé mon visage derrière une forme ou une autre de masque.
Sans faire exprès. Pour être «normale», être «comme tout le monde», faire les «bonnes choses», vouloir plaire à tous; ça prend un jeu de masques et de dissimulation très étoffé pour camoufler son soi réel quand celui-ci dépasse LA boîte de tout bord tout côté. J’ai toujours su que j’avais une destinée qui sortait du cadre rigide établi pour moi par la société en général. Vous savez, le cadre «maman, papa, enfants, maison, chien, carrière, femme qui ne prend pas trop de place et est toujours polie»? J’ai toujours eu des genres d’idées de grandeur et d’esprit libre que je n’ai jamais osé formuler à haute voix; «tout d’un coup que ça ne fonctionnerait pas»… ou «tout d’un coup que ce serait n’importe quoi»… «tout d’un coup que quelqu’un jugerait mes façons de penser»…
En y repensant, je pense que j’étais terrifiée à l’idée de m’exposer. Je veux dire, tout le monde juge tout le monde sans arrêt (même vous et moi) et le jugement, ça peut faire mal. Très mal. Au cerveau, à l’âme, au corps même, des fois. Et à l’égo aussi.
Exprimer les idées qu’on pense vraiment, réellement, authentiquement, c’est dur.
Ça demande du courage. Ça demande un genre de confiance en soi qui nous pousse doucement, mais très sûrement en dehors de notre petite zone de confort douillette en flanelle fleurie.
Depuis que j’ai déménagé en dehors de ma zone de confort tellement douillette qu’elle absorbait tous mes questionnements existentiels et mes introspections profondes, mes masques ont commencé à s’effriter. Un par un. On dirait qu’être loin des éléments (trop) familiers qui les renforçaient les a asséchés. Après, ce qui illumine par les craques de mes armures brisées, c’est juste du vrai. C’est juste moi, ma lumière, mon cœur, mon âme, même. Ce n’est pas tout que du beau, c’est certain. En même temps que ma vraie personne se pointe le bout du nez, il y a des torrents de larmes, des ouragans d’anxiété et des tsunamis d’insécurité qui inondent ma vie.
Mais après la pluie vient le beau temps, non?
Alors, ces temps-ci, j’essaie d’apprivoiser les tempêtes. J’essaie de trouver et de garder mon équilibre parmi le chaos. J’essaie de me découvrir et de faire confiance à cette moi plus vraie, plus… moi! J’essaie de lâcher prise et de laisser aller mes vieilles façons de penser toxiques et mes habitudes qui ne servent pas mon bonheur et ceux des gens que j’aime. Le yoga et la méditation m’aident énormément. C’est à cause d’eux et de l’incroyable lucidité qui en découle que j’ai pris conscience de ma collection de masques et que j’apprends à les lancer en l’air tels des chapeaux de graduation!
Je suis pas mal certaine qu’on porte tous des masques, qu’on se cache tous derrière des politesses ou des compromis et qu’on enferme notre lumière dans un placard sous l’escalier, souvent. C’est vrai que ça peut faire peur, être soi-même, que ça peut faire mal, être toute nue du visage et que c’est spécial en titi se laisser être vulnérable. Mais ultimement, c’est la seule voie possible, je pense. C’est le seul chemin raboteux qui mène au bonheur, au vrai. C’est le chemin qui invite et propage peu à peu la lumière que notre être tellement radieux cache.
Alors, chères Radieuses tellement merveilleuses, de quel masque aimeriez-vous commencer à vous défaire aujourd’hui?
À go, on le lance en l’air, d’accord?
1, 2, 3… GO!