Bas les masques… - Les Radieuses

Bas les masques…

Non, mais avez-vous remarqué comment le monde est beau sans masque? J’ai l’impression, depuis quelques jours, de faire la connaissance de gens que je côtoyais assez régulièrement, mais dont je n’avais jamais vraiment vu le visage.

Je suis arrivée à la bibliothèque de l’école l’autre jour et j’ai salué la secrétaire et je n’ai pu faire autrement que de lui dire combien elle était jolie. Elle-même était un peu surprise de me voir pour vrai; ah, mais c’est vous la responsable de la bibliothèque? Oui, elle le savait pourtant déjà, mais elle venait vraiment de faire ma connaissance.

Ce qui m’a frappée et qui m’avait tant manqué, c’est le sourire des gens.

Ce matin-là, à l’école, j’ai vu des dizaines d’enfants me sourire, révélant que certains avaient quelques dents en moins, ce qui les rendaient encore plus craquants. Même les professeurs m’ont semblé plus sympathiques.

Malgré le grand bonheur que j’éprouve à ne plus porter le masque, je me sens aussi un peu toute nue. Il y avait une protection dans le masque qui n’était pas seulement pour se protéger de la COVID; il nous rendait un peu incognito parce que plusieurs choses se transmettent lorsqu’on regarde une personne.

Nous sommes donc maintenant démasqués, mais il faut dire que quelque part une partie de nous est toujours masquée, nos petits secrets, nos petites imperfections, nos peines, nos inquiétudes. Mais le plus grand masque que nous portons demeure, pour nous les femmes, tous ces gestes que nous posons pour ne pas paraître vieilles, pour éviter à tout prix le résultat les années qui s’accumulent, de la vie qui laisse sa marque. C’est comme s’il fallait nier ce bagage que nous portons parce qu’il n’est semble-t-il pas beau à voir.

Même les jeunes femmes subissent cette pression et camouflent ce qui fait leur beauté propre, leur beauté naturelle, sous prétexte que leurs seins sont trop petits, que leur nez est trop gros alors que souvent c’est dans l’imperfection que loge la beauté.

J’ignore si c’est l’arrivée des réseaux sociaux qui a amplifié ce phénomène, mais moi à 25, 30, 40 ans je n’avais pas ces préoccupations, je me maquillais bien sûr, prenais soin de moi, je me savais imparfaite, mais franchement je ne sentais aucune pression de mon conjoint et de la société pour me changer.

Je me rappelle ma mère, ses sœurs, ses belles-sœurs; elles avaient 70 ans passés, elles étaient toujours coquettes, bien coiffées, des femmes fières. Je n’ai souvenir d’aucune conversation liée au fait qu’elles vieillissaient, qu’elles blanchissaient, qu’elles ramollissaient. Un peu de Noxéma le soir au coucher, elles allaient se faire coiffer; si le ventre était un peu trop proéminent, la petite gaine était de mise pour les grandes occasions.

C’est fou quand même, alors que nous vivons dans une société dite libre, que nous n’ayons pas la liberté de vieillir sereinement avec élégance sans trop abîmer notre corps tout en gardant en tête que oui, nous sommes vieillissantes, que c’est la même chose pour tous et toutes. Et puis après, faut-il absolument ne pas faire notre âge?

Tandis que cette réflexion m’habite, je suis surtout triste de constater que les jeunes femmes s’infligent autant de restrictions, de jugements. Victime des autres et bourreau de soi-même pour reprendre le titre d’un livre de Guy Corneau. Vous êtes belles, vous avez votre jeunesse, elle ne passe qu’une fois et elle est belle votre jeunesse. Se regarder, c’est bien, s’analyser, c’est trop. Instagram, Facebook et cie ne sont pas l’image de la société, et encore moins celle de la femme, parce que ces femmes que vous voyez, elles sont masquées et sous ces beautés apparentes se cache parfois un mal-être qui est bien loin de ces images trop parfaites et carrément fausses.

Alors, allons, bas les masques, les vrais. Derrière l’écran se trouve la vraie vie.

1 Comment
  1. Vieillir n’est pas facile… mais il faut s’accepter et vivre du mieux que l’on peut. Merci pour ce texte, tu vois bien dans le cœur des femmes. ????. En ce qui me concerne, le port du masque me rassurait et me rassure encore côté maladie contagieuse. J’avoue aussi qu’il cachait mon visage sans maquillage, seuls mes yeux étaient visibles et colorés sous mes lunettes ! Et vive le Noxéma, la gaine, la coiffure, le maquillage délicat et les belles tenues sport ou chic. Coquetterie oblige. ????????‍♀️

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