Ha! 2025 avec son lot de promesses qu’on ne tiendra pas! Honnêtement, je ne sais pas trop quelle est l’origine de cette histoire de résolutions du Nouvel An, mais du plus lointain de mes souvenirs, tout le monde ne parle que de ça, à ce temps-ci de l’année. Commencer l’année du bon pied, éviter les abus, se décider enfin à prendre soin de soi sont les choix les plus populaires des résolutions annuelles.
Les résolutions du Nouvel An
En tous les cas, des résolutions du Nouvel An, moi, je n’en ai jamais pris! Parce que, je me connais, je ne suis pas raisonnable et jamais je ne les tiendrais ces résolutions-là. Je ne veux pas m’obliger à aller au gym ou me coucher plus tôt ou bien arrêter le café. Non, rien de tout ça.
Oui, c’est vrai, j’ai un bon six ou sept kilos à perdre. Oui c’est vrai, j’aime me coucher tard et je dois me faire violence pour sortir du lit le matin. Oui, c’est vrai, il m’arrive de devoir prendre des « Tums » pour les brûlures d’estomac, trop de café, trop de vin, peut-être. Malgré tout, je ne me résous pas à devenir plus sage. Je conçois que la santé, c’est important et il faut en prendre soin, mais la privation, très peu pour moi!
Surtout que depuis trois mois déjà, il s’est passé quelque chose dans ma vie. Je ne dirais pas que c’est un drame ni rien de grave, mais ceci m’a fait réaliser que le temps passe vite, trop vite, et que plus ça va, moins j’ai le temps d’être raisonnable.
Une nouvelle étape
Eh bien oui, je suis rendue là. Je reçois des rabais pour aînés! Une aînée, moi! Oh là là, c’est quand même un coup dur. Bien que je morde dans la vie et que, dans ma tête, j’ai encore 42 ans, ce n’est pas ce que dit le calendrier… J’ai eu 60 ans en octobre. C’est du délire.
Évidemment, je suis très consciente de la chance que j’ai d’être en bonne santé et pleine de vie. J’ai cette chance inouïe d’avoir un travail que j’adore, un époux merveilleux, un fils génial, une belle fille sensas et des petits-enfants aussi mignons que des chatons. Je suis hyper consciente de tout ça pour la simple raison que mon père est décédé à 39 ans; ça, c’est tragique!
Une grande leçon
Toute ma vie, j’ai craint de mourir jeune, comme lui. J’en ai fait de l’anxiété. J’avais tellement peur de mourir, surtout après la naissance de mon fils, que mon corps me jouait de sales tours. Il m’envoyait des signes que quelque chose n’allait pas et moi je les interprétais comme un danger de mort imminent, ce qui n’arrangeait rien, au contraire. La détresse de mon corps empirait et mon anxiété également. J’étais tellement anxieuse, alors mon corps réagissait pour sonner l’alarme. Des maux de tête interminables, des étourdissements, des points au cœur, des douleurs musculaires et des difficultés respiratoires. De quoi avoir une frousse d’enfer.
On m’a fait passer toutes sortes de tests, des radiographies, des prises de sang, j’ai consulté un cardiologue, mon père avait des troubles cardiaques, rien pour me rassurer, un neurologue, ainsi qu’un spécialiste des oreilles, pour l’équilibre. Bien que je fusse terrorisée, je gardais une grande part de cette terreur en moi, je continuais ma vie, en espérant que « la maladie » que j’étais certaine d’avoir s’en irait toute seule. Je travaillais, je m’occupais de mon bébé, de la maison, j’étais de bonne humeur, joyeuse et active. Personne, à part deux ou trois de mes proches, ne savait à quel point la peur m’étreignait.
Puis, un jour où j’allais très mal, j’arrivais à peine à respirer, je me suis rendue à la clinique d’urgence. Le médecin, en moins de cinq minutes, a fait voler en éclats mes craintes les plus tenaces en m’expliquant que je faisais tout simplement de l’anxiété et que tous mes symptômes y étaient reliés. Il m’a expliqué qu’il voyait ce genre de symptômes très souvent dans son cabinet. Des gens, croyant faire une crise de cœur ou d’asthme, pris de panique à l’idée de se retrouver aux urgences de l’hôpital, persuadés d’être très malades, alors qu’il s’agit d’anxiété. Il m’a prescrit des médicaments pour me calmer en attendant que je consulte mon médecin de famille. Depuis ce jour, j’avais la mi-trentaine, je pense très souvent à ce médecin-là, qui m’a, avec ses quelques mots réconfortants et son attitude bienveillante, rendu la vie beaucoup plus douce et énormément moins inquiétante.
J’ai été suivie de près par mon médecin de famille, il existe des médicaments très efficaces, avec des effets secondaires minimes pour calmer l’anxiété. Ça n’arrange pas tout, mais ça aide vraiment. Ensuite, il s’agit de comprendre pourquoi. Dans mon cas, c’est la naissance de mon fils qui a déclenché l’anxiété à tel un niveau. J’avais tellement de peur de mourir et de le laisser sans maman, comme moi quand j’ai perdu mon papa, que j’en suis devenue malade.
Alors voici pourquoi, à la sortie de cette clinique j’ai décidé que pour le restant de chacun de mes jours, je chérirais chaque moment et que je profiterais le plus possible de tous les plaisirs. Et c’est la seule résolution que j’ai tenue jusqu’à maintenant, bien qu’elle n’ait pas été prise un premier janvier.
Oser et mordre dans la vie
Depuis cet épisode, j’ai complètement changé ma philosophie, je n’ai plus peur, je mords encore plus dans la vie, je réalise mes rêves en ne négligeant rien pour y arriver, mais tout en gardant à l’esprit qu’il est possible que tout ne fonctionne pas comme prévu. Je vais au bout de mes idées, j’accepte mes échecs et je recommence et recommence encore, y voyant un apprentissage plutôt qu’une défaite. Je continue à vouloir relever de petits défis, je choisis ceux qui m’intéressent et ceux qui vont m’apprendre quelque chose.
J’ose aussi sortir de ma zone de confort, comme prendre ma retraite à 52 ans de la fonction publique pour essayer autre chose. Je travaille aujourd’hui à temps partiel pour une toute petite entreprise et j’adore ça. J’ai osé monter sur les planches avec une troupe de théâtre pour la première fois à 60 ans. Je me suis inscrite à l’Université du troisième âge, j’assiste à des conférences super intéressantes et instructives. Rien d’exceptionnel pour certains, mais toutes ces petites choses que j’entreprends me rendent fière de moi. Le courage a remplacé la peur dans mon cas.
Ma promesse
À 60 ans, je prends conscience que je suis dans le dernier trimestre de ma vie. Je la veux belle ma vie, je la veux aventureuse, je la veux chaleureuse, éblouissante aussi. Chaque jour, je ris aux éclats, j’aime rire. Chaque jour, je fais quelques pas de danse dans la cuisine, et chante quelques refrains. Chaque jour, je dis à mon époux que je l’aime, je dis à mon fils que je l’aime chaque fois que l’on se parle, que l’on s’écrit ou que l’on se voit, même chose avec mes petits-enfants, mais eux, ils ont droit à tout plein de bisous en plus! Je suis presque capable de prendre tout en riant maintenant, les petits désagréments quotidiens me font de moins en moins « pogner les nerfs »; j’essaie fort en tous les cas.
Je ne connais ni la colère ni l’agressivité, je m’en éloigne le plus possible. Je rencontre, dans mon travail, assez souvent des gens de mauvaise humeur, insatisfaits pour des peccadilles. Ils ont leur propre histoire, mais je me dis que je ne veux pas de ça. Peu importe ce qui arrive, j’essaie toujours d’être de bonne humeur. De sourire et de dire merci à l’employé du IGA par exemple, de faire une petite blague au commis sympathique de la SAQ, de marcher dans la rue avec bonne humeur. C’est comme ça que je la veux ma vie!
Et même si je n’en reviens pas d’avoir 60 ans, ma mère me l’avait bien dit que « ça passe vite en titi, plus tu vieillis, plus ça passe vite ». Je me fais la promesse de ne jamais lâcher ma résolution prise il y a 25 ans sur le perron de la clinique médicale : profiter du moindre plaisir et aimer de tout mon cœur.
Bonne année à vous toutes les Radieuses.
