En ces temps de confinement (ça achève, ça achève… vaccins, vaccins), lisons. Je me suis donc permis des livres plus épais. Il arrive qu’on aime s’attaquer à du consistant, du pesant. Je lis habituellement au lit, et certains livres sont plus pesants à tenir que d’autres, comme Bon vivant! qui m’a donné du poignet à retordre par son poids. Cependant, il est à classer parmi les très beaux livres imagés. En plus, qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour la compagnie d’un homme comme Marc Hervieux? Un homme avec du coffre… aux trésors! :)
À suivi de près À cause d’eux de Marie-Hélène Cyr. Un roman qui, je le savais, allait m’entretenir du cancer du sein. Malgré le sujet et le livre (478 pages) potentiellement lourd, il m’a fait de l’œil. Le troisième est une demande spéciale, directement de l’autrice, une fervente entièrement passionnée par son message écologique cernant les baleines à bosse.
Bon vivant! de Marc Hervieux – Flammarion Québec
Si je vous dis que Marc Hervieux n’est pas un auteur, je ne vous apprends rien, n’est-ce pas? Il est chanteur, et d’opéra à part cela. Et pourtant, il est aussi connu qu’Yvon Deschamps ou Dominique Michel. J’exagère à peine, puisqu’il le sera sûrement à l’âge vénérable des deux modèles susmentionnés.
Un être aussi attachant, et vous le constatez dès que vous parcourez ce livre, ça ne court pas les pages. Assurément, un livre à classer parmi les beaux livres à offrir ou à s’offrir. On ne peut pas parler d’un livre de recettes en tant que tel, même s’il y en a plein ses pages.
Attiré par l’aspect visuel attractif, mon mari l’a parcouru et a fait une prédiction : « il va te redonner le goût de cuisiner ». Je ne l’ai pas cru. Et bien, j’aurais dû! Les recettes sont attirantes, simples et appétissantes au possible. On n’a parfois qu’à visiter son propre garde-manger pour réaliser que l’on a tous les ingrédients de ce genre de recettes que l’on ne fait pourtant pas tous les jours.
Il y a des découvertes à faire, car, oui, le monsieur a voyagé et oui, le monsieur aime manger. Il n’est pas un bon vivant en faisant diète par-dessus diète! Il mange de tout, sans culpabilité et il prend des notes afin de les transmettre. Je dirais les « partager ». Ce mot qui résumerait ce gentilhomme serait : partage. C’est le mot clé qui, sans se tromper, le décrirait. D’ailleurs, nous n’aurions pas ce splendide bouquin entre les mains n’aurait été de son penchant à vouloir partager ses passions. Il commence par partager son talent de chanteur, ensuite de mangeur et cuisinier et il termine par son amour pour la musique. La sauce qui relie ces ingrédients : les femmes de sa vie.
Malgré une passion dévorante, il s’est engagé dans la vie donnant naissance à trois filles, lesquelles on voit dans ses généreuses photos. Sa femme, elle, est son pilier, son ancre, son port d’attache. Ce n’est pas qu’un bon vivant, c’est un bel homme par sa générosité. Son exubérante bonne humeur se transmet facilement dans le silence de ses mots écrits.
Si je résume, il y a une partie où l’homme nous entretient de sa vie en général qui nous fait découvrir une fougue assez importante pour lui donner force et courage de foncer dans le milieu de l’opéra, frappant aux bonnes portes, qu’elles soient en France, en Allemagne, en Espagne. L’autre partie nous fait saliver devant des plats appétissants et d’une attirante simplicité. Ensuite, on s’infiltre sous l’alcôve de ses idoles de musique classique. Il enfile ses gants blancs, nous en parle comme si on n’y connaissait à peu près rien (ce qui était assurément mon cas), et c’est bien ainsi, on apprend et s’initie tout en douceur.
Je n’ai qu’un mini reproche, j’aurais aimé qu’il nous dévoile un peu plus de sa formation de chanteur. Parce qu’aussi talentueux soit-il, il a suivi une formation. Il en révèle peu à ce sujet, ce qui confère un petit côté fabuleux à ce bon vivant qui a pourtant les pieds solidement ancrés sur Terre.
À cause d’eux de Marie-Hélène Cyr – Éditions de L’apothéose
Voici un roman palpitant qui nous entretient du risque du cancer du sein. J’ai bien dit « du risque », car notre héroïne n’a pas le cancer et pourtant décide de subir en deux temps une double mastectomie (ablation des deux seins), ainsi qu’une ovariectomie (ablation des ovaires). Ce n’est pas une mince décision et elle la mijotera longuement.
Comme Angélina Jolie, l’héroïne du roman, Sophie-Anne porte le gène qui augmente de beaucoup son risque de cancer. Au lieu de vivre avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête, elle prend les devants. Là s’arrête la similitude avec l’actrice américaine, car Anne-Sophie a un conjoint incapable de prendre soin d’elle à tous les niveaux. J’en parle à mots couverts afin de préserver l’intrigue, tout en tenant à me positionner franchement.
Sophie-Anne est une chef d’entreprise dans le domaine du biomédical, sa mère est médecin, ses frères et son chum travaillent dans la même compagnie qu’elle, s’ajoutera son plasticien pour sa reconstruction mammaire. Ce dernier jouera un rôle crucial, à un point tel qu’il n’y aurait à peu près pas d’histoire sans lui. L’intrigue est menée rondement avec moult détails. C’est une autrice qui nous ancre profondément dans les entrailles du terrestre, bref, elle est éminemment terre-à-terre
En terminant ce bouquin, vous en saurez par conséquent beaucoup plus sur ce qui attend malheureusement trop de femmes, des opérations intrusives. Et miracle, vous ne serez pas déprimée pour autant! Le message passe dans la positivité et même la passion… charnelle. Une femme, même sans ses attributs dits féminin, peut être attirante, je dirais même électrisante pour certains hommes. Ce message passe amplement
Par contre, j’avoue avoir buté sur certains messages sous-tendant l’action sensuelle, pour ne pas dire sexuelle, ce qui ne diminue en rien l’intrigue dans laquelle l’autrice nous amène efficacement et, même, savamment. Toujours pour ne pas dévoiler trop de pans de l’histoire, je devrai parler à mots couverts.
La sexualité fait partie de la vie d’une femme, l’amour n’est pas plus pur, plus élevé, plus idéal sans cette partie de sa vie : l’attrait et l’activité sexuelle. Anne-Sophie s’entoure d’hommes « amis », l’amour sans l’apport sexuel y est porté aux nues. Même si je comprends que son (méchant) amant aurait dû se comporter autrement, que ce n’est pas éthique, l’ensemble prône ce constat : une femme peut se passer de sexualité la grande majorité de sa vie. Si elle a des écarts de conduite, la Vie et sa justice la ramèneront dans le droit chemin.
Même chose pour les hommes, ceux-ci n’ont pas de vie sexuelle, en tout cas, il n’en est pas fait mention. Je ne pense pas que ce soit exclusivement le fruit des circonstances qui le détermine, il est remarquable dans l’histoire que le seul homme qui a une vie sexuelle trépidante sera sévèrement châtié.
Je désirais prendre le temps d’expliquer mon point de vue, car il est délicat. Le roman est excellent et j’applaudis le talent de la romancière, mais les valeurs sous-tendues me font tiquer. Si vous êtes intriguée par cette histoire et voulez vous y frotter, je vous y encourage chaudement, d’autant plus que Marie-Hélène Cyr remet 2 $ à la Société canadienne du cancer pour chaque exemplaire vendu.
Milagro de Christine Valois – Édité par Christine Valois
Voici un cas d’autoédition. Je suis peu encline à lire de l’autoédition, ce qui ne veut pas dire de ne jamais s’ouvrir devant certaines demandes spéciales. Peut-être ai-je été touchée par la grande motivation de l’autrice qui est également illustratrice et éditrice dans ce cas précis de Milagro. Porter autant de chapeaux veut certainement dire que l’on n’a pas froid aux yeux et que le sujet nous tient à cœur au-delà de la peur du risque.
Christine Valois se définit en ces mots, trouvés en exergue de sa page Facebook : j’écris et dessine sur à la biodiversité marine. Mon roman sensibilise les jeunes à l’écologie. Pour le connaître, l’autrice connait son sujet, non pas en théorie, mais à partir du terrain, celui-ci étant le fleuve. Elle accompagne son conjoint biologiste qui, lui, suit les baleines afin de mieux connaître leurs mœurs, dans le but d’identifier le danger imminent qui les guette. Son ancienne vie d’enseignante a refait surface et elle a plongé tentant de rendre accessible ce qu’elle a appris.
Un petit garçon, Americo, d’une dizaine d’années part à l’aventure en famille, sur le voilier l’Odyssée. Il a hâte d’étudier les baleines à bosse pendant leur migration, tout en continuant ses études à distance. Une amie de son âge voyageant sur un catamaran suit la même mission. Ils sont donc deux jeunes à s’encourager, à s’amuser et à apprendre.
Bien sûr, Americo est un enfant modèle, il donnera l’exemple à tous les enfants qui liront cette aventure remplie d’apprentissage. En plus, l’enfant a un don particulier, celui d’attirer et même de calmer un jeune rorqual à bosse, Milagro. Le hasard, ce fameux hasard avec son grand H, fera en sorte qu’ils se retrouveront à plusieurs reprises sur le parcours marin du jeune rorqual et sa famille. Americo, expert en plongée (oui, oui, il a toutes les qualités ce jeune homme!) ira à quelques reprises rejoindre la famille cétacée et la sauver de terribles dangers.
Des personnes mal intentionnées, on en retrouve partout, dans les airs, sur la terre et sur la mer. Americo s’est fait un ennemi sur Terre, Dylan, qui lui en veut, ainsi qu’à sa mère, de l’avoir dénoncé aux agents de la faune pour la chasse à des animaux en voie d’extinction. C’est Americo, grand observateur qu’il est, qui a découvert son voisin et l’a dénoncé auprès des forces policières.
Le coupable, qui a fait dix mois de prison veut se venger et voudra prendre tous les moyens pour le faire. « Y arrivera-t-il? » est une question suspense qui aurait pu avoir la couenne dure, mais malheureusement, il s’effiloche rapidement et les bons auront immédiatement le dernier mot. On voit facilement que la motivation du roman n’est pas là, mais vise plutôt de se rendre le plus loin possible dans le périple, fournissant ainsi son lot d’occasions aux lecteurs d’apprendre. Et de s’émerveiller.
Christine Valois s’est donné tout un défi : éduquer les enfants tout en les amusant. Il est clair pour moi que la première motivation a pris le dessus sur l’autre. Le côté didactique est omniprésent, tout au long du périple jusqu’à la mer des Caraïbes. N’en doutez pas, récolter une foule d’informations est un but louable, par contre, j’ai trouvé dommage que dès le quart de l’histoire, Dylan, représentant les méchants de ce monde soit entièrement neutralisé. Cela retire une part du suspense, et c’est d’autant plus dommage qu’elle a été installée rapidement et qu’elle était crédible.
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