Dans un magazine où les femmes sont à l’honneur, certaines Radieuses ont certainement déjà été abordées par des séducteurs. Pour parler d’eux, il est impossible de ne pas se référer à Don Juan Tenorio, dont Molière a fait une comédie et dont Mozart a fait son Don Giovanni. Il nous vient également à l’esprit cet autre séducteur de l’époque romantique qui est connu pour ses nombreuses aventures galantes : Casanova.
Le phénomène de la séduction n’est pas relégué à un temps révolu
Il est tout aussi présent dans notre monde moderne qu’au siècle passé. Les Don Juan et les Casanova de notre ère sont, eux aussi, poussés par le même désir insatiable de conquérir; ils pratiquent, sans relâchement, cet exercice de haut niveau. Comme un athlète, les séducteurs sont portés par un élan d’adrénaline et pareil à lui, même à un âge canonique, sur l’instant, ils en retirent une satisfaction.
Dans les plus banales activités comme dans les plus surprenantes, leurs éloquents discours sont parsemés d’allusions subtiles et flatteuses. Avec un visage empreint de la plus grande honnêteté, des yeux enjôleurs, une bouche qui débite que des mots cajoleurs, et ce, de la manière la plus adroite, les séducteurs énoncent les plus ingénieux et les plus doucereux des mensonges; pour eux, ce sont des petites entorses à la vérité qui ne font aucun mal puisqu’elles visent à dire leur amour. Leur ligne de conduite sans scrupules et leur conscience très libertaire acceptent le tout sans sourciller.
Chaque femme est une page blanche
Et, pour chacune, ils ont le compliment approprié pour flatter. Le pire, c’est qu’ils sont parfaitement sincères, car elle est réellement l’objet de leur amour du moment. Malheureusement, lorsque l’objet de leur invitation amoureuse est tombé sous leur charme, les séducteurs se remettent à l’œuvre et, avec la même ferveur, ils poursuivent leur mission inconsciente de chercher ailleurs un autre amour qui sera plus parfait. Pour eux, les femmes ne sont que de simples objets interchangeables qu’ils peuvent abandonner sans regret. Leurs procédés de séduction découlent davantage de l’exploit de conquérir que du plaisir sexuel.
Le discours psychanalytique explique que, derrière le besoin de séduire, se cache la quête de l’amour de la mère; enfant, la manœuvre de séduction avec la mère a échoué et alors l’enfant n’a pas eu l’effet miroir où se réfléchir. Étant privée d’un regard amoureux, la mémoire émotionnelle du séducteur est restée vide d’une bonne image maternelle. Pour combler ce vide, le séducteur ne se refuse aucun plaisir amoureux, car il a comme but, plus ou moins conscient, de trouver un jour le regard tendre et admiratif qui lui a été refusé par cette femme idéale dont il était éperdument amoureux. Cette hypothèse sous-tend que tous ses rapports aux autres sont colorés par cette relation d’amour manqué avec la mère.
Pour compenser cette immense privation, le séducteur cherche, chez d’autres femmes, l’image d’une mère parfaite; il refuse de considérer celles qu’il juge moins accomplies et moins irréprochables. Ce qu’il veut par-dessus tout, c’est que cette femme se sente captivée par lui et qu’elle le regarde comme aurait dû le faire sa mère. En conséquence, il vit dans un état de désir obsessif qui fausse sa pensée et prend toute la place dans sa mémoire affective. Le séducteur cherche tout au long de sa vie l’amour idéal. C’est dire combien le regard maternel est essentiel dans la vie d’un petit enfant.
La psychanalyse considère qu’il demeure difficile de réparer la blessure affective des séducteurs. On croit que la volonté peut tout, mais le séducteur est si insaisissable qu’il est presque inguérissable; d’ailleurs, il ne veut surtout pas que l’on regarde derrière le rideau, car soulever le voile serait trop douloureux.
Il est facile de classer les séducteurs et les manipulateurs dans la même catégorie. Il est vrai qu’il y a des similitudes entre eux : l’un comme l’autre utilise la ruse et l’un et l’autre jouent avec grand zèle la carte de la romance et du rêve; tous les deux sont des acteurs de talent toutefois, leur but n’est pas le même. L’ultime but des manipulateurs n’est pas de conquérir l’élue de leur cœur, mais plutôt de dominer, de posséder ou de bassement s’enrichir; leurs aguichants arguments s’adressent uniquement à des cibles qui sont vulnérables. Les manipulateurs donnent dans la duperie de haut niveau et leur but est toujours méprisable.
Les manipulateurs sont des enquêteurs persévérants
Ils ont parfois rôdé longtemps autour de leurs cibles. Ils n’abordent leur victime que lorsqu’ils ont trouvé la faiblesse et que leur plan est réglé au quart de tour. Dans cette tâche de trouver la proie parfaite, les moyens modernes leur facilitent grandement le travail. Une fois le pied dans la porte, ils usent des plus fines stratégies pour obtenir ce qu’ils convoitent. Pour gagner la confiance, ils se fabriquent un personnage rassurant et attentionné; ils savent se faire bons princes et chevaliers servants ce qui attire l’estime. La cible s’attache à eux et perd alors tout discernement.
Les manipulateurs sont perpétuellement en fausses représentations; ils savent faire croire que leurs intentions sont nobles et généreuses, mais, en réalité, l’intimité qu’ils entretiennent n’est faite que de simulations, de tromperies et de mensonges; ils savent qu’ils vont faire souffrir, mais ils sont sans scrupule. Lorsqu’ils ont accompli leur perfide dessein, l’autre se retrouve blessé, moralement et psychologiquement, et parfois délesté de quelques biens.
Dans ce jeu social, que les séducteurs et les manipulateurs soient des hommes ou des femmes, ils sont les grands gagnants et leurs cibles toujours les grandes perdantes.
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2 Responses
super textej j’ai eu presqu’envie de donner des noms?
Merci de votre gentil commentaire.