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Mon premier Noël

Écrit par

Mme Rose Mondou
Ce texte a été composé dans le cadre du concours «Quand la sagesse s’exprime» en collaboration avec Chartwell, résidences pour retraités. En tout, 6 textes seront publiés. Il est le quatrième de 6 que nous vous présenterons au cours des prochains mois.

Je bouillonne de fébrilité, assise dos au cheval avec ma sœur Janine, dans le fond du berlot. Des briques chaudes maintiennent un certain confort avec les robes de carrioles.

Mes parents, encore jeunes (35 ans), ont décidé d’amener leurs quatre filles à la messe de minuit cette année-là. Nous étions donc le 24 décembre 1937.

Toute la journée, je fus surexcitée. J’irais à la messe de minuit et nous aurions un réveillon à notre retour. J’espérais aussi que le père Noël passerait combler mon bas de laine déjà installé.

Il fut décidé que le souper serait devancé afin de nous permettre deux à trois heures de sommeil avant notre départ.

Vers 22 h 30, branle-bas général! Fébriles et excitées, mes sœurs et moi endossons nos toilettes des Fêtes, nous délestant de nos pyjamas pêle-mêle sur les lits.

Très vite, nous sommes assises dans le berlot, prêtes. Mon père, ma mère, Mariette et Françoise assises sur leurs genoux, tandis que Janine et moi, en avant dans le fond de la voiture. Nous allions partir, quand soudain, mon père se demande s’il a bien fermé la clé du tuyau. Il entre en courant pour en ressortir quelques minutes plus tard. À ce moment, on l’a cru, mais aujourd’hui, je sais pertinemment qu’il a rempli nos bas accrochés et même croqué le beignet du père Noël.

Nous avions à peu près deux miles à faire pour nous rendre à l’église. Ce soir-là, la nature s’était donné la peine d’être une belle soirée d’hiver. Le ciel était féerique, les étoiles étaient au rendez-vous, une petite neige descendait gentiment caresser notre visage et la température plutôt clémente, ce qui nous permettait d’apprécier le spectacle.

Certains cortèges, cependant, sont agrémentés de clochettes tintantes, selon les soubresauts des spiders. Les gens se saluent, s’interpellent, se crient des souhaits. C’est l’euphorie paroissiale. C’est Noël. Pour la première fois de ma vie (après mon baptême), j’entre dans l’église. Temple immense, avec sa senteur particulière d’encens. Je m’avance intimidée, mais heureuse et confiante vers l’avant. L’orgue joue en sourdine des airs de circonstances. J’entends des bruits de pas, de bancs, dans les jubés, certains toussent. Mes sœurs me conduisent directement à la crèche où un ange nous salue si on lui donne un sou. Après avoir bien exploré la crèche et ses habitants, nous retournons à notre banc, car l’église s’est remplie et l’orgue joue maintenant à plein volume des airs de Noël. Une belle voix de ténor entonne le Minuit Chrétien. J’en ai la chair de poule. Je trouve la situation tellement grandiose que je me crois au ciel. Mon cœur va exploser. Ma mère, devinant mon émotion, me sert contre elle. J’avale succinctement et je reprends mon souffle. Je suis heureuse! Quelle belle expérience! Même si, finalement, je m’endors appuyée sur mon père au cours du sermon.

Le retour à la maison fut moins sensationnel. Fatiguée, frileuse, je consens à me blottir sous les couvertures chaudes.

Rendu à la maison, mon père allume notre lampe spéciale pour les soirées spéciales, car nous n’avions pas encore l’électricité dans notre rang du Grand Chenal à Yamaska. Pendant ce temps, ma mère installe le réveillon. Tourtières, dinde, canneberges, tartes aux raisins, etc. sur une belle nappe en tissus. Mes sœurs et moi courrons voir nos bas remplis d’arachides, d’oranges, de sucre d’orge et de petites surprises.

On s’amuse de voir les dents du père Noël imprimées dans le beignet. On rit beaucoup. Nous sommes heureuses d’être ensemble dans un cocon joyeux et plein de confort.

On ne manquait de rien. Nos parents s’aimaient, ils nous aimaient et il faisait bon de vivre dans notre famille.

Rose Mondou, Chartwell Greenfield Park

Ce texte a été composé dans le cadre du concours «Quand la sagesse s’exprime» en collaboration avec Chartwell, résidences pour retraités. Près d’une centaine de résident.es ont écrit une tranche de vie ou une sage réflexion dans le cadre de ce concours. Cette réflexion est le quatrième des six textes qui seront publiés dans notre magazine.

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3 Responses

  1. Ajout à mon commentaire précédent : Tout le monde a de super souvenirs… C’est très intéressant de connaître la vie riche des personnes âgées… J’adore ! Par contre, il y a peu de personnes qui peuvent raconter une aventure enrichissante vécue dans un pays en voie de développement J’aimerais beaucoup partager mon expérience… en plusieurs volets. F. Montpetit

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