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Tranche de vie : Les chats que j’ai adorés

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Les couleurs de l’automne entrent par la fenêtre. Je l’ouvre. Il a plu. Je prends une grande bouffée d’air qui sent bon le pétrichor. Pour pallier au ciel gris et au regret de la chaleur du soleil d’été, j’enfile un chandail chaud, mon confortable pantalon sarouel et mes bottes à semelles épaisses et je vais marcher dehors en pensant à la présence des fidèles félins qui, il y a quelque temps, marchaient à mes côtés après l’orage.  

D’heureux souvenirs

Je revois le film de nos promenades… La tête pleine de leurs souvenirs, je rentre et m’installe pour vous parler des heureux moments de ma relation avec les chats. Je vous convaincrai peut-être que ces petites bêtes, gracieuses, agiles et silencieuses sont des compagnes parfaites. Les chats ont une vision six fois plus puissante que la nôtre et une ouïe qui perçoit des fréquences imperceptibles aux humains. Non seulement ils repèrent facilement les fourmis ou les souris cachées dans un coin, mais ils savent flairer les tensions et les mauvaises énergies. Personne ne dupe les chats! De même que les phéromones existent entre deux personnes qui s’aiment, ils pressentent l’hostilité et se font sélectifs dans le choix des humains de leur environnement. Avec ceux qu’ils aiment, ils détectent les peines invisibles et sont doués pour réconforter. Contrairement aux humains, aucun de mes félins ne m’a déçue.

À ma retraite, souhaitant m’épargner l’ennui, on m’a suggéré de voir le monde. Je ne suis pas antivoyage ni maladivement casanière, mais j’ai maintenant moins besoin d’être ailleurs. Dans la pyramide des besoins de Maslow, ma maison est l’endroit le plus rassurant du monde et les films me suffisent pour voyager. Pour contrer la solitude, on m’a aussi proposé de me doter d’un chien de compagnie. On est ou chien ou chat! Je suis naturellement attirée par les chats qui, pour moi, sont moins dépendants des humains et donc moins accaparants que les chiens qu’il faut promener tous les jours. Si les voyages ne me manquent pas, je dois dire que, partout dans mes beaux souvenirs, il y a la présence de chats.

Griffon

Le premier animal à poil de la famille nous a tout de suite manifesté sa tendresse. Il rentrait ses griffes et adorait nous piétiner avec ses coussinets dodus. On l’a nommé Griffon. Je dirais que c’est lui qui a choisi notre maison. Il a continué à aimer la liberté d’être dehors et il allait vers les bêtes avec la même confiance qu’il était venu vers nous; ce qui, d’ailleurs, lui a valu certaines blessures.

Avec nous, il avait le tempérament patient et reconnaissant des chats abandonnés. Avec ses semblables, il semblait reconnaître leur misère : il acceptait de partager sa pitance avec le chat visiteur que je laissais dormir dans le vestibule par les nuits froides. Il était capable d’une énorme dose de compassion. Avec mes petits humains, il a été le chaleureux doudou qui a accompagné leurs maladies et, dans leurs jours peu solides, collé à eux, il a été le psy assigné à réconforter et à consoler. Que d’humanité dans ce petit animal! J’ai le souvenir de la peine qu’on a tous eue à sa mort.

Après lui, deux chattes : l’une tigrée qui était ronde, joueuse et dominante et l’autre, au pelage de velours noir, mince et presque invisible. Toutes deux adoraient, comme moi, écouter les chants d’amour des oiseaux du printemps. Elles et moi aimions marcher et respirer l’odeur de l’air après la pluie. Leurs vibrisses palpitaient de bonheur. Après la mort de sa sœur, la réservée et discrète Noirceur est devenue des plus affectueuses. Elle s’installait sur ma table de travail et, pour me signaler son heure de repas ou le moment d’une pause, elle appuyait son front contre le mien ou posait sa patte sur ma main. Je dois avouer que ces deux chattes qui m’ont maintenant quittée, je les ai regrettées et pleurées.

Muscade

La dernière petite bête que j’ai adoptée, je l’ai héritée d’un ami. Avant d’aboutir dans ma famille, Muscade a fait 150 kilomètres. Son maître m’a apporté bac et litière, plats et bouffes; il l’a sortie de sa cage de voyage, l’a caressée et s’en est allé! Le premier jour, sans manger ni boire, elle est restée à l’attendre derrière la porte où il était disparu. Au deuxième matin, les gamelles étaient vides. Pendant le premier mois, elle n’a fait que manger, boire et dormir. Elle n’acceptait les caresses de personne, elle grognait et crachait. Comment ne pas craindre quand on a été abandonné?

Elle avait raison d’entretenir des rancœurs envers les mains des humains qui s’approchaient d’elle. Les animaux n’aiment pas plus que nous être abandonnés! Je trouvais sa mauvaise humeur légitime, mais, après un mois, j’ai tout de même voulu m’assurer qu’elle n’était pas malade. À deux, nous l’avons poussée dans la cage. Devant sa colère, la vétérinaire m’a dit : Vous êtes sûre que vous voulez garder cette chatte caractérielle? Je l’ai ramenée, car j’avais encore l’espoir de pouvoir l’apprivoiser.

Une fin de matinée d’été indien, alors que le soleil se faisait chaud et que je ramassais les restes d’un arbre coupé, j’ai enlevé mes chaussettes de laine et les ai lancées dans le solarium. Comme si c’était de l’herbe à chat, Muscade s’est roulée dessus en miaulant. Son premier maître était sculpteur et, de toute évidence, elle n’avait pas oublié l’odeur de sciure de bois de son ancien logis. Malgré l’abandon, elle n’avait pas cessé d’avoir de l’affection pour son ancien maître. Quelle fidélité!

L’apprivoiser

Comme si elle avait compris je ne sais quoi, ce même soir, les pattes sur le chausson, elle est venue s’installer sur le plancher, tout près de moi. Je lui avais fait un cadeau rassurant et elle m’en faisait un en retour. Quelques semaines plus tard, elle se frôlait à mes chevilles et, sur mes genoux, la tête sur mon bras, elle se collait à moi tous les soirs devant la télé.

Pendant treize ans, dès l’instant où je me réveillais, alors que je n’avais pas encore bougé un doigt, elle était à ma porte de chambre et miaulait. De la même manière, quand je rentrais à la maison, avant même que j’aie posé la main sur la poignée et dit : « Il y a une petite chatte ici? », je l’entendais miauler derrière la porte où je la retrouvais en compagnie du chausson qui la réconfortait pendant mon absence. En hiver, elle aimait se coucher près des plantes qui profitaient de la lumière artificielle. Je crois que, comme moi, elle souffrait de dépression saisonnière. Toutes les deux, on se payait une thérapie sans le coût d’un voyage en pays chaud.

En souvenir d’elle

Elle n’est plus là et, sans m’en rendre compte, en pensée, je lui parle encore. Parfois, je crois même l’apercevoir et buter sur elle dans l’escalier. Malheureusement, mon conjoint, mes enfants et les invités n’ont jamais réussi à la séduire.

Non, il n’y a plus de petit chat chez moi. Les séparations sont trop difficiles. Trop de larmes! Malgré que je n’aie plus mon compte de câlins, je ne pense plus à adopter de chat parce que je me fais vieille et que je pourrais mourir avant lui. Mais, comme des enfants qui quittent le nid, une partie d’eux habite encore en moi.

Comme le dit la chanson de Richard Desjardins : « Quand j’aime une fois, j’aime pour toujours! »

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