Oui, oui, vous vous rappelez la publicité de St-Hubert BBQ il y a plusieurs décennies, dring, dring, dring que désirez-vous? Le dring faisait bien sûr référence à la sonnerie du téléphone. Depuis, les dring, dring ont fait place à des sons de toute nature, à la chanson de notre choix pour nous indiquer que quelqu’un nous appelle.
Oui, quelqu’un au bout du fil; que dis-je, on a plus de fil, non quelqu’un qui veut nous parler de vive voix, omg, sacrilège, que se passe-t-il? On m’appelle? Ah non, je ne réponds pas. Il semblerait que l’appel téléphonique à proprement parler soit devenu pour certaines personnes très anxiogène (Source : La Presse, 7 avril 2024), pour d’autres trop dérangeant, pour certains inefficace et intrusif. On nous écrit maintenant pour s’informer de notre disponibilité avant d’appeler. Nos proches nous envoient même des vœux de fête par texto; on nous écrit de longs textos pour éviter le fameux appel téléphonique.
Une adepte du téléphone
Moi, je suis une adepte du téléphone. Mes filles aiment bien, d’ailleurs, se moquer de moi en disant que je suis souvent, pour ne pas dire tout le temps, au téléphone. Elles ont à moitié raison. D’une part, j’ai été au téléphone comme recherchiste toute ma carrière. Rien de plus efficace qu’un appel; on va droit au but et, qui plus est, dans le son de la voix, dans le ton, dans les propos, on peut d’emblée savoir si ce sera un bon invité pour une émission donnée. Et que dire d’un bon contact pour rassurer ou convaincre un invité.
Les longs courriels explicatifs sont pour moi beaucoup moins efficaces. On écrit, on attend la réponse qui ne vient parfois pas rapidement; la personne répond, mais veut avoir plus de détails, tu dois écrire de nouveau, et ainsi de suite. Cinq, dix minutes au téléphone suffiront pour répondre à tout.
Et vous, vous n’avez pas déjà attendu un appel important, celui de votre amoureux? L’appel de votre fille qui vous annonce qu’elle est enceinte? Que le bébé est né? Que vous avez obtenu l’emploi tant convoité? N’y a-t-il pas meilleure sensation que d’entendre toute la fébrilité ou l’amour d’une personne dans un appel? Y a-t-il quelque chose de plus beau que de se faire dire je t’aime à la fin d’un appel?
Entendre les émotions, les écouter
Je suis sans doute trop romantique, ah non, trop sensible; j’aime entendre la voix des gens que j’aime. Plein de choses se captent au son de la voix. Juste dans le ton, on peut savoir que la personne est triste, fâchée, malade.
Savoir écouter, entendre, répondre, être empathique, intéressé sont pour moi des choses essentielles. Aucun texto ne peut surpasser la voix. En plus, les textos donnent souvent place à de fausses impressions.
Vous l’aurez compris, j’aime le téléphone, contrairement à ce que j’ai lu récemment, je prends mes appels, je prends mes messages et je retourne mes appels.
Se piquer une bonne jasette
Je suis née d’une maman qui parlait longuement au téléphone tous les jours avec ses sœurs. Les conversations n’étaient souvent pas très éloquentes, j’en conviens, mais ces femmes qui travaillaient dur à la maison n’avaient que pour seul désennui, le téléphone. J’ai aussi souvenir que ma mère, lorsqu’elle s’est retrouvée veuve à 64 ans, a meublé plusieurs de ses soirées en « piquant une bonne jase », comme elle disait si bien, avec ses sœurs.
Pour avoir été maintes fois témoin de ses appels, je dois avouer que c’était parfois digne d’un bon téléroman.
Pour résumer ma pensée, je vous dirais que la très jolie chanson I just called to say I love you (I just called to say how much I care) illustre bien mon propos. Il y a aussi téléphone-moi, appelle-moi et dis-moi que tu m’aimes. Non, mais, c’est tu pas beau ça.
On pourrait presque dire qu’aujourd’hui le téléphone pleure… il est boudé dans sa fonction principale, la parole.
Qui sait, nous aurons peut-être de nouvelles chansons qui diront, ton texto m’a rendu fou de toi, j’entends ta voix dans ton texto, maudit que c’est beau.
Enfin, à bientôt, on s’appelle et on déjeune.
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