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Tranche de vie: Lettre à toi, mon corps heureux!

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À toi, mon corps, mon emballage, mon enveloppe, mon véhicule. Celui avec qui je me présente partout où je vais, à toi qui vis partout avec moi, témoin de toutes mes rencontres sociales ou professionnelles, toi qui m’accompagnes dans toutes mes activités, toi qui me connais même dans tous les recoins de mon intimité.

Je dois avouer que je t’ai souvent mal mené, jugé, dénigré. Ce n’est pas une surprise puisque tu es toujours avec moi. Je t’ai parfois poussé à bout, tantôt en te nourrissant de cochonneries et de malbouffe, tantôt en te privant, en te restreignant, en te limitant, en comptant les calories que j’ingérais. Je t’ai considéré comme un ennemi plus d’une fois. Je n’ai pas toujours été douce avec toi. Je t’ai mis K.O. plus d’une fois en ne t’écoutant pas parce que, oui, tu t’exprimes dans ton propre langage. Cependant je fais parfois la sourde oreille… Bien callée sur mon sofa, tu me suppliais d’aller marcher, de faire du vélo, d’aller en salle d’entraînement, mais voilà que la lutte se faisait entre toi et mon cerveau qui refusait le rendez-vous et les bienfaits des endorphines par le fait même. Pas facile la vie avec moi, j’en conçois!

En tout temps, tu as su te reconstruire. Merci!

Je te vois partout

Des miroirs, chaque pièce en possède un dans la maison. Les rencontres sont fréquentes qu’on se le dise! Nos regards se croisent, je te connais, je te reconnais… Parfois indifférente ou encore te regardant de manière désobligeante des pieds à la tête, je te vois comme un étranger. Comme le regretté Daniel Pinard disait : « En vieillissant, j’ai l’impression de ne plus reconnaître l’homme que je vois dans le miroir! »

Mais, en fait, comment pourrais-je vivre sans toi? Tu es une machine d’ingénierie incroyable! Tu ingères, tu digères, tu désagrèges, toutes tes cellules se coordonnent dans un ballet presque étourdissant. Dans ce tumulte, tu restes debout! C’est grâce à toi que je peux réaliser tout ce que je souhaite, j’aspire ou que je convoite. Mes rêves se réalisent grâce à toi! Tu es là, toujours là, prêt à accomplir ce que je vais te demander, t’exiger et même te dicter. Tu es toujours là pour moi! Tu réponds à mes moindres désirs, tu es un serviteur immensément généreux, sache-le!

Il est vrai que je ne te le dis pas assez… et même à vrai dire jamais, mais là je remédie à la situation. Je t’aime mon corps heureux. J’ai pourtant honte d’avoir parfois dit le contraire et je m’en excuse profondément!

Merci mon corps heureux d’avoir usé de tant de patience avec moi, d’avoir attendu que je comprenne combien tu es précieux, que je comprenne que nous, eh bien, on est ensemble dans cette aventure. On est une équipe de feu un peu comme des collègues binômes qui se comprennent d’un regard, des complices, des âmes sœurs!

La ménopause

La ménopause… Ah que je te laisserais vivre cette période de vie tout seul. Il serait si facile de m’exclure de cet état refusant que nous sommes rendus à cette étape toi et moi. Non! Nous sommes ensemble, alors voilà que je te fais la promesse que je cesserai la critique envers toi et que je choisirai de parler de toi avec plus de tendresse et de bienveillance. Je décide, dès lors, de t’accepter avec tes petites imperfections, mais aussi avec tes belles qualités.

Accepter enfin

Bien évidemment, toi et moi, comme toutes bonnes relations interpersonnelles, avons nos hauts et nos bas, mais je préfère de loin ce sentiment de bienveillance qui s’est installé entre nous. Si tu savais à quel point c’est apaisant telle une couverture duveteuse par temps froid.

Inutile de te dire que je n’aime pas encore tout de toi… Notons ici tes petites lignes qui se tracent sur mon visage, tes petites bosses qui dépassent, tes zones plutôt mollassonnes qui se superposent, tes courbes plus accentuées, mais pour dire vrai, ça me dérange de moins en moins.

Les marques qui s’impriment sur toi sont des marqueurs de ma féminité, de ma maternité, et du temps qui passe aussi, de ma prévieillesse.

Être avec toi

J’ai donc pris la décision que dorénavant je prendrai soin de toi.

Je serai davantage à l’affût de mes pensées, de mes réflexes, mes comportements, mes prises de position, mes engueulades intérieures avec toi pour te témoigner plus de reconnaissance, de gratitude, de compliments et de beauté. 

Désormais, je t’accepterai comme tu es et comme tu seras aussi dans le futur, parce que je n’ai pas fini de vieillir, vois-tu, ça, c’est un fait!

J’entendrai les messages que tu me transmets et veillerai à réveiller les endorphines si précieuses à mon bonheur et mon mieux-être. Ta santé psychologique et ta santé physique seront cotées dans le rang de mes priorités dorénavant.

Je te prends à bras le corps, cher corps heureux! Je t’enlace et je te fais le plus chaleureux des câlins.

Je te promets désormais que je vais te dire plus souvent « Je t’aime mon corps heureux! ».

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